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  • Les Hussards

Michel Déon, dernier Géant de Lettres

Dernière mise à jour : 28 févr. 2020

Chronique d'Une amitié vagabonde de Michel Déon

par François Jonquères, Secrétaire général du Prix des Hussards



Michel Déon, dernier Géant de Lettres


Je n’ai jamais caché ma très vive admiration pour l’œuvre magnifique que Michel Déon nous laisse, du Taxi mauve aux Poneys sauvages, d’Un déjeuner de soleil à ses merveilleuses Pages françaises, grecques ou irlandaises (Cavalier, passe ton chemin), sans oublier La montée du soir, Les gens de la nuit ou Un souvenir, qui en font, sans contestation possible, notre dernier Géant de Lettres. Mon enthousiasme est tel que je n’ai pu résister, sur proposition amicale de l’excellent Dominique Guiou, à m’emparer de cet immense écrivain pour la collection Duetto qu’il dirige avec maestria.

"Chez Michel Déon, l’homme a toujours égalé l’auteur."

Vous imaginerez donc sans peine mon bonheur, mon ivresse même, de déguster les pages révélant l’amitié vagabonde ayant lié Pierre Joannon à notre Grand Homme (tiens, il n’est pas encore au Panthéon ? L’administration a parfois de ces lenteurs…).


Cet amour de livre s’ouvre sur une préface de Jean-Christophe Rufin, digne représentant de l’Académie française, qui rappelle « son insatiable curiosité » et son humour pudique « qui prétend cacher les émotions » car, chez Michel Déon, l’homme a toujours égalé l’auteur. N’a-t-il pas écrit avoir toujours été « intéressé par les ultimes survivants d’un mode de  vie condamné par la marche des siècles » ? Mesdames, messieurs, voilà bien un héros de nos tristes temps. Au fil de pages qui filent comme le vent, nous découvrons de superbes textes sur l’Irlande, sur le bonheur sans espoir, sur Lawrence Durrell, auteur d’une « œuvre humaniste, d’amour et de passion » qui n’est pas sans rappeler la sienne et qu’il convient de redécouvrir hardiment, ou sur le roman « qui est l’âme de la littérature ».


Un portait de Jean d’Ormesson plus loin, vous vous promenez le long des rives du Lough Derg ou de la baie de Galway, vous pataugez avec l’insouciance des jours heureux dans les tourbières avant de finir votre excursion dans un pub brûlant de chaleur humaine. Pierre Joannon, fidèle parmi les fidèles, est à féliciter sans retenue pour ce recueil, diamant d’une intimité chaleureuse ayant illuminé l’existence des deux amis, car c’est l’Amitié qui sort victorieuse et grandie de ce charmant vagabondage, celle-là même qui résiste à tous les obstacles et culbute effrontément absence et mort.


François Jonquères

Chronique parue dans CultureMag

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